Les émotions politiques aux XIXe, XXe et XXIe siècles (2023)

Ce colloque souhaite interroger le rôle, les significations et conséquences des émotions politiques sur la formation de groupes sociaux et dans l’établissement, par des groupes existants, de règles et valeurs aux fondements de leur vie commune aux XIXe, XXe et XXIe siècles. Il s’agit de mesurer comment différents degrés d’appropriation des émotions produites font l’histoire sociale du Politique.

Si les émotions forment un axe fructueux et déjà institué de la recherche germanophone en histoire contemporaine, en France, l’attention portée aux sensibilités ou, moins souvent, aux émotions collectives, semble surtout enrichir les différentes approches d’histoire médiévale et moderne, moins celle des périodes les plus récentes. En sciences politiques, sociologie, ethnologie et anthropologie, cet objet a pourtant suscité de nombreux travaux français sur l’époque contemporaine. Ce colloque souhaite donc se consacrer à ce champ historique propre en établissant des passerelles entre les recherches francophone et germanophone portant sur l’histoire contemporaine, notamment en comparant – grâce aux différentes interventions – les divergences de traitement observables dans ces deux pays.

A travers différentes pratiques, les émotions contribuent à diffuser et enraciner des idées, ainsi qu’à dessiner les contours de groupes sociaux. Les émotions en politique, ou plutôt les émotions politiques puisqu’elles se manifestent également en dehors du champ politique suivant une définition élargie que nous adoptons ici, constituent de réels « acteurs » de l’histoire. A travers des études empiriques, nous souhaitons nous interroger sur la « performativité » des émotions politiques, notamment par la création de groupes, parfois appelés communautés imaginaires ou émotionnelles. Si les stratégies de mobilisation (moyens, objectifs, encadrement) seront évoquées afin de situer les émotions reconstruites, l’accent portera sur leur réception, c’est-à-dire sur leur perception et leur appropriation aux fondements de la fabrique sociale du Politique. En outre, ce colloque visera à décloisonner des études ancrées dans un contexte national ou culturel unique, en enrichissant les grilles d’analyse des grammaires émotionnelles, mais aussi à mieux comprendre les périodes de transition – de déprise émotionnelle – d’un régime démocratique à un régime dictatorial, et inversement.

Les contributions de ce colloque pourront ainsi répondre aux questions suivantes:

  • De quelle manière les émotions politiques participent-elles à définir les contours des groupes à l’intérieur des sociétés ?
  • Dans quelle mesure les émotions politiques sont-elles révélatrices des appartenances sociales, régulent les comportements et motivent l’action collective ?
  • Comment les émotions collectives participent-elles au développement de la solidarité, de la cohésion sociale et au sentiment d’appartenance ?
  • Dans quelle mesure les émotions politiques contribuent-elles à former des mémoires collectives, mais également individuelles ?
  • Les émotions politiques sont-elles plus présentes dans les régimes dictatoriaux ou est-ce essentiellement les idées auxquelles elles sont associées qui les rendent plus visibles et interrogent leur dimension éthique ?
  • Dans quelle mesure le vécu individuel d’émotions politiques se distingue de leur possible vécu collectif ?

Les contributions s’inscriront dans trois grands terrains de recherche.

(Video) Le XIXe siècle – Un peu d’histoire

Le premier terrain s’intéresse aux festivités et réunions politiques, à leurs participants directs et indirects, par le biais de (re)transmissions en direct (radio, télévision, réseaux sociaux) ou a posteriori (presse écrite, télévision, créations artistiques), dont l’un des buts est de créer un vécu commun avec le groupe des participants physiques. Lorsqu’il y a une adhésion émotionnelle ou idéelle, le lien créé entre présents et absents participe à la création d’un groupe, appelé parfois « communauté imaginée » (Benedict Anderson). Il reste à savoir quand et par quels moyens les émotions politiques participent à la création d’une telle communauté, et également au service de quelle société (Gesellschaft) cet imaginaire émotionnel, voire communautaire (Gemeinschaft), est mis en œuvre.

Le deuxième terrain d’enquête de ce colloque concerne les arts et porte un accent particulier sur la musique. Bien plus que l’étude d’une musique ou d’une œuvre d’art, les contributions s’intéresseront à leur contextualisation, à la manière dont les arts sont mobilisés, c’est-à-dire au moment où l’on fixe une signification politique d’une œuvre d’art. Nous nous demanderons de quelle manière les arts, et plus particulièrement les arts participatifs comme le chant, contribuent de manière consciente et inconsciente, à façonner mémoires et appartenances. A ce titre, les études s’appuyant sur des corpus d’égo-documents sont particulièrement bienvenues.

Enfin, le troisième terrain de ce colloque s’intéressera au discours. Les réunions politiques, les arts (visuels et sonores) et les discours se complètent, étant donné que le discours permet, entre autres, de fixer un sens sur les émotions mobilisées, tout en en suscitant de nouvelles. Par ailleurs, il relève également d’une forme d’art, en l’occurrence oratoire. Les silences, la posture, l’intonation, le choix des mots permettent aussi de susciter et mobiliser des émotions. Il ne s’agira ici pas tant de s’interroger sur l’historicité des émotions politiques, en montrant les variations de leurs significations, dans le cadre de l’histoire conceptuelle (Begriffsgeschichte), mais de montrer leur degré d’appropriation auprès du ou des groupes destinataires du discours. Ici aussi, les études s’appuyant sur des égo-documents pourront permettre de faire la différence entre les directives officielles et la pratique sur le terrain, soulignant le cas échéant les divergences entre discours, narration et réalité qui témoignent autant de modalités d’appropriation que de rejet.

Même si “l’histoire du sensible” dans la sphère française et l’Emotionsgeschichte dans l’espace germanophone restent les disciplines principales de ce colloque, ce dernier est ouvert aux interventions d’historien.ne.s, sociologues, psychologues, neuroscientifiques, linguistes, musicologues qui, confrontés à cette problématique dans leur recherche, souhaitent exposer, à partir de supports écrits, sonores et visuels, leurs approches et méthodes d’analyse de ce domaine complexe et fournir leurs outils afin d’étudier les émotions politiques vécues.

Les propositions de communications sont à envoyer jusqu’au 1er mars 2023

à l’adresse suivante : emotionspolitiques2023@gmail.com. Les candidatures retenues seront communiquées mi-mars 2023. Elles doivent comporter un résumé de la communication (max. 500 mots), les coordonnées institutionnelles et une courte notice bibliographique de l’auteur.e. Le colloque se déroulant en français et en allemand, une maîtrise, a minima passive, de ces deux langues est requise.

(Video) Libre-échangistes et protectionnistes français (XIXe-XXe siècles), avec Francis Démier

Les frais de transport seront remboursés aux participant.e.s qui ne résident pas à Paris sur présentation des billets dans la limite de 110 € pour les participant.e.s venant de France et de 140 € pour les participant.e.s venant de l’étranger. Le comité d’organisation prendra en charge les frais de repas (pauses déjeuner et café) pour l’ensemble du groupe.

  • Julien Corbel,doctorant, CEREG (EA 4223), ED 625 MAGIIE, Université Sorbonne Nouvelle
  • Charlotte Soria docteure en histoire, UMR Sirice, Sorbonne Université

Diese Tagung fragt nach der Rolle, den Bedeutungen und den Konsequenzen politischer Emotionen bei der Bildung von sozialen Gruppen und in der Festlegung von Regeln und Werten durch bestehende Gruppen als Grundlage für ihr gemeinsames Leben im 19., 20. und 21. Jahrhundert. Es geht also darum nachzuvollziehen, wie die Sozialgeschichte des Politischen durch unterschiedliche Aneignungsgrade politischer Emotionen geprägt wird. Während Emotionen schon ein fruchtbares und etabliertes Feld der deutschen Geschichtsforschung der Moderne darstellen, beschäftigen sich die französischen Studien, die von Gefühlen oder von kollektiven Emotionen handeln, v.a. mit der Geschichte des Mittelalters oder der Frühen Neuzeit, selten mit der der Moderne. In den Politikwissenschaften, der Soziologie, Ethnologie oder Anthropologie hat dieses Thema jedoch schon zahlreiche Arbeiten in Frankreich hervorgebracht. Diese Tagung widmet sich daher diesem spezifischen historischen Feld, indem sie durch die verschiedenen Vorträge Brücken zwischen der deutschsprachigen und der französischsprachigen Forschung schlägt und die in diesen beiden Ländern zu beobachtenden Divergenzen in der Behandlung dieses Forschungsgegenstands vergleicht.

In Form unterschiedlicher Praktiken tragen Emotionen dazu bei, Ideen zu verbreiten und zu verankern, sowie soziale Gruppen zu konturieren. Die Emotionen in der Politik, bzw. politische Emotionen insgesamt – da sie sich im breitesten Sinne auch außerhalb der politischen Sphäre zeigen – sind tatsächliche geschichtliche „Akteure“. Durch empirische Studien wollen wir die „Performativität“ der politischen Emotionen analysieren, u.a. durch die Bildung von Gruppen, die manchmal auch als vorgestellte (imagined) oder emotionale Gemeinschaften bezeichnet werden. Auch wenn Mobilisierungsstrategien zur Schaffung von Emotionen (Mittel, Ziele, Rahmung) erwähnt werden, um die rekonstruierten Emotionen zu situieren, wird unser Fokus auf der Rezeption liegen, d.h. auf den Prozess der Wahrnehmung und Aneignung der Emotionen, welche die Grundlage der sozialen Produktion des Politischen bilden. Des Weiteren zielt diese Tagung darauf ab, den länderübergreifenden Austausch für Studien zu fördern, die bisher nur in einem der beiden nationalen oder kulturellen Kontexte verankert sind, indem wir unsere Untersuchungsraster „emotionaler Grammatiken“ bereichern. Zudem wollen wir auch die Übergangsperioden von einem demokratischen zu einem diktatorischen Regime und umgekehrt – hinsichtlich der jeweiligen Veränderung des emotionalen Settings besser verstehen. Die Beiträge dieser Tagung wollen folgende Fragen zu beantworten:

  • Auf welche Weise tragen politische Emotionen dazu bei, die Konturen von Gruppen innerhalb unserer Gesellschaften zu definieren?
  • Inwiefern sind politische Emotionen Ausdruck der sozialen Zugehörigkeiten der Individuen und wie regulieren sie das Verhalten und motivieren das kollektive Handeln?
  • Wie tragen politische Emotionen zur Entwicklung von Solidarität, sozialer Kohäsion und einem Zugehörigkeitsgefühl bei?
  • Inwiefern tragen politische Emotionen zur Bildung der kollektiven, aber auch individuellen Gedächtnisse bei?
  • Kommen politische Emotionen häufiger in diktatorischen Regimen vor? Oder sind es die Ideen, mit denen sie assoziiert werden, die sie sichtbarer machen und ihre ethische Dimension hinterfragen?
  • Inwiefern unterscheidet sich das individuelle Erleben politischer Emotionen von ihrem möglichen kollektiven Erleben?

Die Beiträge ordnen sich in drei großen Forschungsfeldern ein:

(Video) 4e. Le XIXe siècle politique

Das erste Feld umfasst die Feierlichkeiten oder die politischen Versammlungen, für ihre

direkten und indirekten Teilnehmer, bei Live-Übertragungen (Radio, Fernsehen, soziale Medien) oder mithilfe von Aufzeichnungen (gedruckte Medien, Fernsehen, künstlerische Werke), die u.a. auf das Schaffen eines gemeinsamen Erlebens mit der Gruppe der physischen Teilnehmer zielen. Wenn es eine emotionale oder ideelle Verbindung gibt, trägt diese zur Bildung einer aus den Anwesenden und Abwesenden bestehenden Gruppe bei, die manchmal auch als „vorgestellte Gemeinschaft“ (Benedict Anderson) bezeichnet wird. Es bleibt zu untersuchen, wann und mit welchen Mitteln politische Emotionen an der Bildung einer solchen Gemeinschaft beteiligt sind, und auch, im Dienste welcher Gesellschaft diese emotionale, sogar gemeinschaftliche, Vorstellungswelt eingesetzt wird.

Das zweite Forschungsfeld dieser Tagung betrifft die Künste und legt einen besonderen Fokus auf die Musik. Viel mehr als mit der Analyse eines Musikstücks oder eines Kunstwerkes, werden sich die Beiträge mit ihrer Kontextualisierung befassen, mit der Art und Weise, wie die Künste mobilisiert werden, d.h. mit dem Augenblick, in dem die politische Bedeutung eines Kunstwerks festgelegt wird. Gefragt wird, wie die Künste, insbesondere die partizipativen Künste wie der Gesang, auf bewusste und unbewusste Weise zur Formung von Gedächtnissen und Zugehörigkeiten beitragen. In dieser Hinsicht sind Studien, die sich auf Corpora von Ego-Dokumenten stützen, besonders willkommen.

Das dritte und letzte Feld dieser Tagung wird sich mit den Diskursen befassen. Politische Versammlungen, visuelle und auditive Künste und Reden ergänzen sich gegenseitig, da Reden unter anderem dazu dienen, den mobilisierten Emotionen eine Bedeutung zu verleihen – und gleichzeitig auch neue Emotionen zu wecken. Darüber hinaus entsprechen Reden auch einer Kunstform, und zwar der Redekunst. Durch Schweigen, Körperhaltung, Tonfall und Wortwahl können ebenfalls Emotionen hervorgerufen und mobilisiert werden. Hier wird es weniger darum gehen, die Historizität politischer Emotionen zu hinterfragen, indem man die Variationen ihrer Bedeutung im Rahmen der Begriffsgeschichte hervorhebt, sondern darum, ihren Aneignungsgrad bei der oder den Gruppen, an die sich die Rede richtet, aufzuzeigen. Auch hier können Studien, die sich auf Ego-Dokumenten stützen, helfen, zwischen den offiziellen Richtlinien und der Praxis vor Ort zu unterscheiden und gegebenenfalls die Diskrepanzen zwischen Diskurs, Erzählung und Realität hervorzuheben, die sowohl von Aneignungs- als auch von Ablehnungsmodalitäten zeugen.

Auch wenn die histoire du sensible im französischen Raum und die Emotionsgeschichte im deutschsprachigen Raum die Hauptdisziplinen dieser Tagung sind, ist sie offen für Beiträge von Historikerinnen, Soziologinnen, Psychologinnen, NeurowissenschaftlerInnen, Linguistinnen und Musikwissenschaftlerinnen, die in ihrer Forschung mit dieser Problematik konfrontiert sind und die anhand von schriftlichen, akustischen und visuellen Materialien ihre Ansätze und Methoden zur Analyse dieses komplexen Bereichs sowie ihre Werkzeuge zur Untersuchung der erlebten politischen Emotionen darlegen möchten.

(Video) La poésie aux XXe et XXIe siècle

Bitte schicken Sie Ihren Vortragsvorschlag bis zum 15. März 2023

an die folgende E-Mail-Adresse: emotionspolitiques2023@gmail.com. Die Auswahl der Themen wird Anfang April mitgeteilt.

Die Bewerbung muss eine Zusammenfassung des Vortrags (max. 500 Wörter), die institutionellen Kontaktdaten und eine kurze Bibliografie des Autors, bzw. der Autorin enthalten. Da die Tagung in deutscher und französischer Sprache stattfindet, ist eine zumindest passive Beherrschung dieser beiden Sprachen erforderlich.

Reisekosten werden nach Vorlage der Fahrkarten in Höhe von maximal 110€ für Teilnehmende aus Frankreich und 140€ für Teilnehmende aus dem Ausland zurückerstattet. Das Organisationskomitee übernimmt die Kosten für die Mahlzeiten (Mittagspause und Kaffee) für die gesamte Gruppe.

Kontakt emotionspolitiques2023@gmail.com

1. Les grands courants de la littérature française aux XIXe et XXe siècles 2. Les révoltes ouvrières en France aux XIX et XXe siècles 3. L’anarchisme (XIXe – XXe siècles) 4. La société britannique au XIXe siècle 5. Le XIXe siècle – Les clefs du XIXe siècle 6. La France au début du XIXe siècle

Author: Fr. Dewey Fisher

Last Updated: 03/03/2023

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